Crédits photo de couverture : Paul Le Brun
Vous le savez, le métier de photographe fait rêver.
Vous vous lancez dans la photo de mariage ? Voici quelques conseils de notre communauté pour travailler sereinement et vivre de votre nouvelle activité.
Le mariage est le jour le plus important de la vie de « vos » mariés. C’est beaucoup de pression et de stress.
Avec 227 000 mariages célébrés en 2019 en France (source : INSEE), le marché est grand et voit arriver de plus en plus de photographes de mariage. En Belgique, 44 270 mariages ont été conclus la même année (source : Statbel, l'office belge de statistique). Toujours la même année, la Suisse célèbre 38 974 mariages (source : Office fédéral de la statistique). Au Québec, ce sont 22 250 mariages qui ont étés célébrés (source : Institut de la statistique du Québec).
Fait intéressant : dans tous ces pays ou provinces, le nombre de mariages a diminué en 2020 et 2021 à cause de la pandémie de Covid19. Nota Bene : les chiffres belges et suisses comprennent aussi les régions néerlandophone, germanophone, italienne et romanche.
Les profils de ces photographes sont divers. Certains ont suivi une formation photo mais ont des lacunes en gestion d’entreprise. D’autres ont suivi une formation de commerce ou gestion et une première carrière avant de devenir photographe. Ce profil a souvent le plus de chance d’arriver à vivre de son activité.
Néanmoins la majorité des photographes sont autodidactes, tant sur la partie technique du métier de photographe, que sur la partie gestion d’entreprise.
Conseil 1 : formez-vous
Crédits : Patrick Lombaert (un petit coin de parapluie)
Longtemps mal vue par les photographes professionnels, le mariage est néanmoins une discipline exigeante et sous-estimée. Pourtant le secteur a ses stars. Elle nécessite de maîtriser toutes les conditions de lumière : soleil dur en plein été, églises sombres, lumières du DJ sur la piste de danse, etc.
Vous devez également savoir :
- 🔸 Maîtriser la photo de reportage pour la grosse partie de la journée : capturer l’action en étant discret(e) ;
- 🔸 Gérer les photos de groupes et de couple où il faut être plus actif. Il est en effet nécessaire de guider vos couples et leurs proches, parfois même être assez ferme afin que les portraits de groupe soient beaux sans durer 2 heures ;
- 🔸 vEnfin, vous n’avez pas droit à l’erreur, impossible de “rejouer” par exemple l’échange des alliances si vous avez raté le moment !
Vous le comprenez, maîtriser la technique est le minimum requis pour garantir une prestation de qualité à vos mariés. Il faut donc vous former si vous avez des points faibles dans certaines situations mentionnées précédemment. Au-delà de la technique “pure”, de nombreuses formations sont disponibles afin de vous aider à trouver davantage de clients, développer votre style ou encore gérer votre entreprise.
Une formation c’est aussi l’occasion de rencontrer des collègues, d’échanger sur vos problématiques et d’en ressortir motivé à fond. La France propose des aides très intéressantes, comme le remboursement d’une partie du coût de formation via votre CPF (Compte personnel formation) ou le FAFCEA (Fonds d'Assurance Formation des Chefs d'Entreprise Artisanale). Profitez-en !
Conseil 2 : soyez un photographe entrepreneur
Crédits : les lumières d'Alice
Aujourd’hui il est très facile de créer sa micro-entreprise de photographie. De nombreux photographes s’installent et abandonnent seulement une ou deux années après car il n’arrivent pas à en vivre. La principale raison est la méconnaissance du marché et de la gestion d’une activité commerciale.
Trouver vos clients
En tant que photographe de mariage freelance, votre salaire ne tombe pas “automatiquement” à la fin du mois. En début d’activité il faut donc dédier une partie de votre temps à la recherche de nouveaux clients.
Il est difficile d’être sur tous les fronts en même temps, par exemple :
- 🔸 Travailler son site et son référencement naturel ;
- 🔸 Faire de la pub sur Google ;
- 🔸 Être actif sur ses réseaux sociaux ;
- 🔸 Activer le bouche à oreille ;
- 🔸 Conclure des partenariats ;
- 🔸 Toute autre méthode (flyers, salons, etc…).
Un conseil donc : choisissez un canal principal et allez-y à fond !
Armez-vous de patience et persévérance : il faut souvent quelques mois pour que les premiers retours arrivent. Réfléchissez : de quelle source de revenus allez-vous vivre pendant plusieurs mois (voire 6 mois ou un an) ?
Calculer vos tarifs de photographe
Réaliser un reportage de mariage, ce n’est pas seulement “appuyer sur un bouton” comme on l’entend parfois ! Cela représente un gros investissement en temps et finances. En effet, pour une prestation de 10 heures, la plupart des photographes travaillent en réalité au moins 20 heures.
Ce total comprend notamment :
- 🔸 La prise de contact avec le couple ;
- 🔸 Le rendez-vous initial ;
- 🔸 La préparation de votre matériel ;
- 🔸 Le temps de transport et prise de vue sur place ;
- 🔸 Le tri et retouche ;
- 🔸 La livraison de la galerie et/ou album.
Afin de pouvoir vivre de votre activité, il faut également prendre en compte vos tâches et coûts “généraux” :
- 🔸 Le temps passé sur vos tâches administratives, la création de votre site, les réseau ;
- 🔸 L’investissement et le renouvellement de votre matériel photo et informatique ;
- 🔸 Le coûts de vos abonnements : téléphone, internet, logiciels de gestion et retouche.
En tant qu’entrepreneur, vous bénéficiez d’une couverture sociale minimum, d’aucune mutuelle ni droits au chômage. Gardez donc cela en tête lorsque vous calculez vos tarifs : vous devez pouvoir vivre de votre activité et idéalement épargner chaque mois “au cas où”.
Conseil 3 : trouvez votre style et cultivez l’inspiration
Crédits : Guillaume Gimenez
Une multitude de photographes de mariage sont présents sur le marché. ll faut donc savoir se démarquer auprès de vos clients.
Ne regardez pas trop ce que font vos collègues, pour deux raisons principales :
- À trop vous comparer, vous risquez de vous démotiver. Vous ne devriez vous comparer qu’à vous même : regardez l’évolution de votre travail au fur et à mesure du temps ;
- À force de ne voir que des photos de mariage vous risquez de reproduire un type d’image sans chercher votre propre style.
Cultivez votre œil et cherchez l’inspiration hors du mariage, en allant visiter des musées ou expositions par exemple (pas seulement de photo, d’Art en général).
Conseil 4 : protégez-vous
Contrat de photographe de mariage
Crédits : Charly Fromentin
Signez un contrat avec vos mariés. Premièrement, cela les rassurera sur votre professionnalisme. Deuxièmement, cela limitera les aléas.
Si 99% de vos clients seront bienveillants et adorables, on peut malheureusement parfois avoir des surprises.
Un mariage c’est stressant, un malentendu et un conflit peut survenir.
Un contrat encadre votre prestation et vous aide grandement à gérer un potentiel conflit. Si vous n’avez pas de contrat, retrouvez des conseils et un modèle gratuit dans notre article 15 clauses pour un contrat en béton : modèle et explications.
Assurance professionnelle
Si elle n’est pas obligatoire, une assurance professionnelle vous est fortement recommandée.
Un reportage photo de mariage, cela peut être un peu rock’n’roll ! On bouge partout, à l’affût du moment, concentré à 200%, un petit accident peut arriver.
J’ai par exemple renversé un enfant qui courait dans mes jambes à la sortie d’une cérémonie laïque. Je reculais à mesure que les mariés sortaient et ne l’avais pas vu.
Cela n’a pas été le cas mais il aurait pu facilement se blesser, surtout que je porte 2 appareils en harnais à hauteur des petites têtes d’enfant.
Pour parer cette éventualité, souscrivez une assurance responsabilité civile professionnelle et d’exploitation, souvent très abordable pour les micro-entrepreneurs.
Pour vous protéger vous et votre famille en cas de pépin de santé, renseignez-vous sur les contrats d'assurance prévoyance.
Médiateur de la consommation
Enfin, en tant qu’indépendant travaillant avec des particuliers, vous avez l’obligation de proposer un médiateur de la consommation agréé par la CECMC (liste disponible sur le site economie.gouv.fr) depuis 2016.
Le nom et les coordonnées (adresse, site internet) du médiateur de la consommation que vous avez choisi, doivent apparaître clairement sur vos supports de communication :
- 🔸 Votre site internet ;
- 🔸 Vos conditions générales de vente ;
- 🔸 Vos devis et contrats.
Conseil 5 : préparez vos reportages de mariage
Crédits : Photo : Aline Lallemand - Fleurs : Sweet Love and Confettis
Arriver l’esprit tranquille sur un mariage — même s’il y a toujours un peu de stress — vous permettra de libérer votre créativité.
Voici quelques conseils de préparation :
- 🔸 Faites un point avec les mariés dans les jours/semaines précédant le mariage afin d’avoir votre feuille de route du jour J. C’est à dire le planning détaillé avec l’horaire, l’adresse de chaque étape et les détails nécessaires afin d’être autonome ;
- 🔸 Demandez au couple de préparer la liste des groupes à prendre en photo, ainsi qu’un ou deux contacts qui seront chargés de réunir ces groupes. C’est la garantie d’une séance photo de groupe fluide et rapide ;
- 🔸 Demandez aux mariés un ou deux contacts d’urgence à joindre en cas de pépin : les mariés n’ont souvent pas leur téléphone sur eux ;
- 🔸 Certains photographes aiment repérer les lieux en avance afin de prévoir les conditions de luminosité. Faites-le si cela peut vous rassurer, mais gardez à l’esprit que les conditions peuvent toujours changer le jour J. Le traiteur peut par exemple stationner son camion pile à l’endroit choisi pour les photos de couple. Il faut savoir s’adapter !
- 🔸 Vous pouvez préparer une liste de photos que vous souhaitez réaliser et ressortir cette “anti-sèche” lors de la journée.
Certains photographes se donnent également des objectifs ou thèmes plus généraux à travailler sur chaque prestation : jouer avec les reflets, les contre-jour, la couleur ou bien les détails par exemple.
- 🔸 Prévoyez un plan B en cas de pluie pour les photos de couple et groupes.
- 🔸 Préparez votre matériel la veille en prévoyant des piles, cartes et batteries d’avance.
- 🔸 Enfin, prenez de l’eau et des en-cas, de quoi tenir toute la prestation sans rien demander aux mariés.
Conseil 6 : anticipez !
Crédits : Charly Fromentin
En ayant bien préparé le reportage en amont, vous pourrez anticiper les moments clés le jour J. Essayez d’avoir toujours à l’esprit la suite du déroulement afin de bien vous positionner et régler votre appareil.
C’est particulièrement important lors de la cérémonie où il faut être prêts pour les moments clés :
- 🔸 L’arrivée de la mariée et le regard de son futur mari sur elle ;
- 🔸 L’habillage de la mariée avec l’aide de ses dames d’honneur ;
- 🔸 Le marié et ses amis ;
- 🔸 La cérémonie religieuse le cas échéant ;
- 🔸 L’échange des alliances en mairie/maison communale/hotel de ville ;
- 🔸 La signature des registres ;
- 🔸 La sortie de la cérémonie où vous passez d’un environnement sombre à très lumineux ;
- 🔸 L’ouverture du bal par la mariée et son père.
N’oubliez pas de vous adapter à l’évolution de la société, tous les mariages n’unissent plus seulement un homme et une femme. Communiquez sur votre positionnement 🌈 « Gay Friendly »🌈 le cas échéant.
Conseil 7 : ayez confiance en vous
Crédits : Charly Fromentin
Vous êtes nombreux à souffrir du syndrome de l’imposteur, à angoisser avant vos entretiens de vente et à ne pas assumer vos prix. Mettez-vous à la place des mariés : organiser un mariage est stressant, ils veulent donc s’assurer de choisir les bons prestataires.
- 🔸 Lorsque vous rencontrez de potentiels clients, soyez sûr de vous et rassurant ;
- 🔸 En étant hésitant, le couple le ressentira et pourrait douter de la qualité de votre travail ;
- 🔸 Si vous apparaissez sûr de vous, ils seront rassurés, vous partirez ainsi sur de bonnes bases.
Bien entendu, ne vous transformez pas en vendeurs de tapis ! Restez simplement vous-même en ayant confiance en votre travail. Là encore, certaines formations peuvent vous aider à mieux gérer la vente.
Enfin, si vous sentez un mauvais “feeling” avec un couple, ou si les futurs mariés cherchent à trop négocier le prix, ne vous engagez pas avec eux.
Pour l’avoir entendu de la bouche de nombreux photographes, une relation compliquée avant la signature du contrat le reste tout au long de la prestation. En restant ferme sur le prix et le contrat, vous leur montrez que vous êtes professionnel, que le tarif est réfléchi et ne varie pas selon les clients. Accepter une trop grosse négociation, c’est potentiellement ouvrir la porte à d’autres demandes et exigences le jour J.
Conclusion
Crédits : les lumières d'Alice
Le conseil qui est revenu le plus de la part de la communauté fotostudio est : soyez entrepreneur et formez-vous !
Beaucoup ont effectivement perdu du temps avant de se former ou de mettre en place une vraie gestion de leur entreprise.
Merci aux photographes de la communauté ayant contribué à la rédaction de cet article :
- 📸 Guillaume Gimenez ;
- 📸 Alice Degremont - Lumières d’Alice ;
- 📸 Charly Fromentin ;
- 📸 Béatrice Gardien - Arrêt sur l'InsTemps ;
- 📸 Jean-Christophe Peyrard - ALS Photo ;
- 📸 Paul Le Brun ;
- 📸 Aline Lallemand.
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